Ce mercredi-là, je me suis levé tôt pour être à l'heure. Avant de rejoindre le chantier naval, je m' arrête un moment sur le halage. En face, de l'autre côté de la Meuse, l'immense camion grue est en train de déplier sa flèche. Ce matin, les différentes sections du bateau vont enfin être transportées sur l'aire de montage, en bordure du fleuve.

Aux abords du hangar règne l'effervescence des grands moments. Près du pic avant, on s'active, on dégage les sections.

A côté, dans la petite cabine de l'immense camion-grue, le grutier attend impassible. Il est accompagné d'un petit caniche, totalement incongru à cet endroit, et qui reste immobile près de lui.

9h05. Cela bouge. Le chef de chantier prend la commande de la grue du hangar. La manoeuvre est délicate. Les deux grues doivent se coordonner pour soulever et déplacer ensemble les 40 tonnes de la section. Il faut ensuite la déplacer au millimètre près et la faire pivoter pour la poser délicatement sur le camion-plateau qui la transportera jusqu'à l'aire de montage. Les ouvriers se taisent, mais l'on sent une nervosité palpable dans l'air. Doucement, l'immence bloc d'acier brut sort dans la lumière du petit matin et commence son drôle de ballet.

Quelques minutes plus tard, le camion-plateau, grace à ses trains de roues pivotantes se sera placé exactement en-dessous de la flèche d'acier. Mission accomplie. Il reste une petite crainte. Le centre de gravité de cette énorme masse est relativement haut. Il ne faudrait pas que le camion commence à osciller. Heureusement, tout se passera bien !

Plusieurs fois dans la journée, la manoeuvre sera à recommencer pour transporter les différentes sections. Ainsi, en une journée, naîtra la coque de ce grand bateau. Suite au prochain épisode pour la découvrir...