Vendredi 13 novembre 1998.
Chat noir à la fenêtre.

J'ai dû retourner à mes livres de géographie et d'histoire de l'Alsace parce que la maigre mémoire de l'adolescente que j'étais alors illustre immanquablement ses failles quand je pense à cette époque-là, l'époque d'un périple franco-britannique avec une vingtaine de mes amis d'école, tous aussi bourgeonnants que moi sans doute. J'ai cependant gardé une image forte de la silhouette de ce château reconstruit il n'y a pas si longtemps tout de même. Peut-être avais-je été illuminée par ma visite précédente au mont Sainte-Odile, qui me rendit la vue? Ou alors c'était en pensant que, si nos brigands modernes construisaient d'aussi prenants édifices, le paysage urbain serait transformé.

Pas qu'il soit si beau, ce château, en fait il est même plutôt trapu, grossier par endroit. mais c'est peut-être là justement ce qui rassure, ce qui réconforte, ce qui réchauffe. Ce qui endort...

Il est amusant que cette première re-parution d'Oeil et Plume soit d'un paysage que j'ai moi-même visité, quoiqu'il soit toujours changeant bien sûr... Vous m'excuserez d'avoir versé dans le tourisme, je songe beaucoup à mes prochaines vacances d'été ces jours-ci et au voyage que je vais faire. Alors nécessairement les anciens périples remontent à la surface, avec leur lot d'images, d'émotions inextriquablement liées les unes aux autres, d'odeurs et de saveurs qui remontent à la mémoire sinon jusqu'aux sens, comme une lasagne à Sélestat ou ce fou rire inextinguible à Paris. D'ailleurs, c'est là que j'ai commencé à ne pas aimer Paris. Peut-être devrais-je revenir sur mes pas et sur mes premières impressions?

Brigitte Gemme