Samedi 28 mars 1998
Fondre...

J'ai cherché d'abord un ami. J'ai rapidement abandonné: il était beaucoup trop tard. En fait, il n'était probablement pas tout à fait trop tard, mais je n'avais peut-être pas envie d'avoir d'ami hier soir. J'ai passé un coup de fil à Patrick. Impossible à rejoindre. Heureusement peut-être. Je me suis habillée, chemise, pull de laine gris, léger foulard, manteau pareillement, un cahier pour prendre quelques notes, au besoin. Je suis sortie.

J'ai cherché de l'alcool. Pour ça, il n'est jamais tout à fait trop tard. En fait, pas tout à fait de l'alcool, mais plutôt un lieu pour en boire. J'ai pensé au Romolo. Je me suis retrouvée au coin de Bernard et Parc. Trop de monde. Même chose en face. Alors j'ai marché. Avec une drôle d'idée en tête je me suis retrouvée devant la Moulerie, que j'ai finalement dépassée le plus rapidement possible de crainte d'être aperçue. J'ai coupé à gauche et lentement je suis revenue vers chez moi.

Ça a pris trois heures. Incluant le temps d'écrire une lettre en laissant un scotch descendre le long de ma gorge. J'ai fini par trouver un endroit qui ne ressemble en rien à ce que je cherchais, quelque chose à mille lieues de l'ami et de la bière qu'on voit ici. Quelque chose d'un peu triste...

Mais tout ça est peut-être au fond rassurant. Il y a encore des lieux où il est permis d'avoir le vague à l'âme le vendredi soir...

Brigitte Gemme