L'oeil et la plume

[un instant]
Photo prise le 26 février 1998 à 08:20 à Feissons-sur-Salins (Savoie)

Dimanche 22 mars 1998.
Sacré hiver.

Il paraît que Peter Greenaway (The Cook, the Thief, his Wife and her Lover, The Pillow Book a réalisé un film où la caméra, immobile, enregistre les aléas d'une cabine téléphonique, quelque part en ville. Je n'ai pas vu le vidéo en question, mais j'imagine un instant...

La vie d'une cabine téléphonique. La vie dans une cabine téléphonique. Les hommes, les femmes, parfois les enfants, qui se succèdent, qui déposent une pièce de monnaie dans l'appareil, qui de l'index composent quelques numéros et, pleins d'espoir, d'anxiété ou d'inconscience attendent leur avenir ou leur passé au bout du fil. Parfois ils glissent une carte dans la boîte et composent alors plus de numéros, on les reconnaît, ils sont étrangers, plus ou moins étranges, ils viennent d'ailleurs et repartent bientôt, embrassent leur amour, leur famille à travers les fils et par-delà les satellites, transportent dans leur bagage quelque souvenir d'ici et d'ailleurs. Ils oublieront sans doute les minutes passées dans une cabine téléphonique à l'autre bout de la terre quand ils rentreront chez eux.

Passages innocents, parfois, passages aussi parfois plus graves. Ramène du pain, ou peut-être une bouteille de vin rouge, on se voit dans trente minutes, je t'aime, tu me manques, tu es déjà en retard dépêche-toi, où es-tu au milieu de nulle part, je ne veux plus jamais te voir chez moi,et ne m'appelle plus non plus.

On ne peut pas sortir d'une cabine téléphonique en étant tout à fait le même que quand on y est entré...

Brigitte Gemme


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