Une nuit, vers un samedi...
17 janvier 1998 J'ai vu la photo. Les boulons, l'acier. Avant même de voir le passant, je pensais à un pylone. J'imagine que c'est l'onde de choc de toutes ces créatures galvanisées qui se tenaient pliées sous mes yeux. Non, c'est un pont. Un autre pont. Et sur le pont, un Hollandais. Je ne connais aucun Hollandais. Faudrait-il plutôt dire Néerlandais? C'est la tempête qui se prépare. Comme s'il allait y avoir une grosse averse d'automne qui bouscule les marcheurs et interrompt l'activité des marchés. Pas les marchés boursiers, bien sûrs, ceux-là n'arrêtent pour personne, sauf pour eux-même. Cet homme qui marche sur le pont, je me demande où il s'est réfugié quand les nuages se sont fendus, quand l'orage a éclaté, quand la pluie, froide, s'est mise à lui tomber sur la tête. Sur le coeur. Quand il pleut, c'est toujours bon d'avoir un refuge. Brigitte Gemme |