Samedi 20 décembre 1997
Heureuse d'un printemps...

Les trottoirs du soir étaient mouillés, comme au printemps. Certaines effluves de neige fondante mêlée aux restes d'un automne en décomposition rappelaient définitivement le temps des amours. Pourtant, nous sommes en décembre... On croirait un décembre de Paris...

Je ne suis jamais allée à Paris en décembre.

Je me serais bien assise, là, sur ce banc de parc, quelque part, dans une autre ville, au milieu d'un autre continent. Un banc de parc, c'est mille vies potentielles. C'est une vieille femme qui nourrit une centaine de pigeons qui l'encerclent avec quelques miettes de pain... Ce sont deux hommes, tout habillés de gris, assis chacun à leur bout, comme s'ils avaient été boulonnés là en même temps que le banc lui-même... C'est une petite famille avec des enfants bien emmitoufflés qui se reposent quelques minutes sur les planches après avoir couru tout autour du parc avec leur chien, un bâtard enjoué... C'est un couple d'amoureux qui font l'amour tout habillés et qui n'en peuvent plus de seulement se regarder... C'est moi qui regarde le ciel en attendant la pluie...