Mercredi 3 décembre 1997
Les rues sont sombres, comme le coeur de l'homme Les trottoirs de Montréal sont un peu enneigés malgré les petits démons à chenille Bombardier qui grattent le tout après chaque chute de neige en faisant vrombir leurs moteurs et en terrorisant les piétons. Quand il n'y a pas de neige, il y a des plaques de glace, et immanquablement des flaques de gadoue à tous les coins de rue. Il y avait des mois que je n'avais pas fait de promenade sur le Plateau. Le temps cet après-midi n'était pas particulièrement doux, et quand nous sommes finalement descendus dans la rue la nuit commençait à tomber. À peine seize heures... Mais l'envie de marcher quand même. Si l'intimité d'un café ou d'un bol de chocolat, dans un racoin de la cuisine ou à la minuscule table d'un café pas trop bondé, sont propices aux conversations et parfois même aux confidences, c'est souvent en marchant que les personnes apprennent à se connaître mieux. Qu'ils se disent les mots les plus importants ou parfois aussi les plus frivoles. Et qu'ils laissent le silence remplir de ouate l'espace entre eux sur le trottoir. Malgré le froid du dehors, l'idée d'avoir un peu de compagnie pour la route réchauffe et redonne le courage d'avancer encore un peu. |